Notre Zad de Paris – Business Immo

#saccageparis. Depuis 15 jours, un hashtag dévastateur pour l’image de Paris circule sur les réseaux sociaux. Une collection de photos montrant le côté sombre de la Capitale. Des rues sales, du mobilier urbain dégradé, une chaussée usée dévoilant le charme ancien des pavés (quand elle ne vire pas à la trouée d’Arenberg), des chantiers provisoires permanents…

Bref. La charge contre Anne Hidalgo peut paraître excessive, parfois injustifiée même. Paris n’a jamais brillé par sa propreté. Mais, la défense de l’équipe municipale est clairement à côté de la plaque. Mieux vaut jouer profil bas, faire preuve de plus de pédagogie, ne pas hésiter à faire amende honorable parfois, plutôt que d’invoquer le sempiternel complot politique décuplé par un savant astroturfing de la twittosphère.

D’autant qu’un nouveau hashtag pourrait bien voir le jour dans la Capitale : #defensedeconstruire. Un nouvel épisode vient de s’ouvrir avec la remise en cause d’un vaste projet de la gare d’Austerlitz. Trois groupes politiques, opportunément réunis pour l’occasion, veulent faire capoter une opération de 50 000 m² de bureaux. Une opération qui a déjà fait l’objet d’une délibération en conseil de Paris en septembre 2018, d’une réunion publique de la Sempa à l’été dernier et même d’un accord avec l’AFD (Agence française de développement) qui entend y installer son futur siège social.

Plusieurs enseignements peuvent être tirés de cette énième péripétie. D’abord qu’une politique sérieuse d’aménagement d’un territoire doit s’affranchir de l’humeur du temps. Les atermoiements autour du projet de la gare d’Austerlitz ressemblent furieusement à ceux de la refonte de la gare du Nord. Et si d’un côté, le premier adjoint à l’urbanisme Emmanuel Grégoire peut s’interroger à juste titre sur le manque de cohérence de ses opposants, de l’autre, on peut regretter que la mairie de Paris ait mis la première une pièce dans le juke-box en se déjugeant sous la pression de certaines opinions publiques.

Ensuite, se pose la question de la sécurisation des projets immobiliers. Dans sa communication financière trimestrielle, Kaufman & Broad, société cotée à la Bourse de Paris, alerte sur les impacts financiers de la remise en cause de son programme soudainement vilipendé. Derrière cette sécurité juridique des projets, c’est la question de confiance qui se pose entre les acteurs privés et publics autour de la fabrique de la ville. Il ne faudrait pas cela vire à la défiance au gré des humeurs de telle ou telle partie.

Enfin, la nouvelle bataille d’Austerlitz symbolise l’aversion pour la construction qui semble contaminer de plus en plus d’élus locaux au nom de la préservation de l’environnement. Dans les faits, elle tourne à « l’écologoïsme ». C’est peut-être cette bataille qui sera la plus difficile à gagner.

Paris, morne plaine.