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Covid-19 : le loyer est dû le 1er avril, mais des Américains ne peuvent pas payer


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Covid-19 : le loyer est dû le 1er avril, mais des Américains ne peuvent pas payer 2

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Brittany Brook, 31 ans, artiste et professeure de musique dans une école maternelle à New York, a perdu son travail le 16 mars à cause des mesures de confinement liées à la pandémie qui font tourner au ralenti l’économie américaine. Deux jours plus tôt, c’est Matthew Whitfield, 33 ans, son époux, serveur et acteur, qui avait été licencié sans indemnités.

En ce 1er avril, comme des millions d’Américains, de toutes classes sociales, ayant vu leurs vies chamboulées soudainement par la crise sanitaire, Brittany et Matthew doivent payer de nombreuses factures. De leurs décisions en ce jour crucial émergera une photo moins floue des dégâts économiques causés par l’épidémie de Covid-19 aux Etats-Unis, pays qui ne dispose pas de véritable filet de sécurité social et où l’épargne est faible.

“Pour la première fois depuis notre mariage, nous ne paierons pas le solde de nos cartes de crédit bancaires mais le minimum requis et avons appelé (les banques) pour demander si les intérêts pour impayés pouvaient être supprimés”, raconte à l’AFP Brittany, ajoutant que le couple a imploré également un paiement différé de leurs prêts étudiants.

“Nous avons prévu de payer la facture d’électricité (…) mais nous ne paierons pas le loyer car ça risque d’épuiser nos économies et l’argent mis de côté en cas d’urgence”, confie Brittany, qui vit avec Matthew dans un appartement avec une chambre loué 1.690 dollars par mois au nord de Manhattan.

Charité

Selon le cabinet Amherst, 26 % des ménages vivant en location aux Etats-Unis pourraient avoir besoin d’aide temporaire pour payer leur loyer, ce qui se chiffrerait à environ 12 Mds€ par mois. Le gouvernement fédéral a certes annoncé un plan d’aide historique de 2 200 Mds€ pour soigner l’économie, mais le chèque de 1 200 $ promis à chaque Américain — 500 pour chaque enfant — n’arrivera pas avant la seconde moitié d’avril. En attendant, un nombre record de 3,28 millions d’Américains se sont inscrits au chômage lors de la semaine clôturée le 21 mars. Des milliers de petites entreprises, grosses pourvoyeuses d’emplois, ferment.

Tammy Devitoe a été licenciée le 12 mars de son restaurant à Albany dans l’Etat de New York. Les 250 à 300 $ d’indemnités chômage par semaine auxquels elle a droit ne vont pas suffire à payer ses factures de téléphone, d’électricité, de câble, de loyer et son crédit auto. Elle a ravalé sa fierté et s’en est remise à la charité populaire, via la plateforme GoFundme.com où elle était parvenue à lever 2 240 dollars au 31 mars en matinée. “Je suis à découvert de 350 $”, raconte-t-elle à l’AFP. “Jusqu’à ce que je reçoive le chèque du gouvernement, je vais continuer à mendier”, ajoute cette mère divorcée de 39 ans, qui dit craindre d’être prise dans l’engrenage de la dette.

Evictions

Face aux cortèges de licenciements et annonces de chômage technique, les sociétés de prêts immobiliers sont préparées à une vague d’impayés massifs au 1er avril. Des évictions ont été suspendues temporairement dans certaines municipalités, tandis que des appels à un “loyer blanc” en avril se multiplient sur les réseaux sociaux. “Le gestionnaire de mon immeuble veut la totalité du loyer peu importe la situation actuelle et il nous rappelle qu’il a aussi des créanciers”, raconte Cynthia Ryan, qui vit à Dallas.

Promoteur immobilier avec des propriétés dans le sud-est (Géorgie, Tennessee, Carolines du sud et nord), Bruce McNeilage est disposé à faire un geste pour ses locataires affectés, comme n’exiger que 70% du loyer pendant deux mois, voire trois. Au-delà, “s’ils ne peuvent pas payer, ils ne peuvent pas rester car j’ai des crédits sur ces maisons”, narre M. McNeilage, dont les locataires sont pour la plupart des cadres et gagnent en moyenne 100 000 à 200 000 $ par an.

“Nous avons déjà reçu trois ou quatre appels lors des dernières 24 heures de gens qui tenaient à nous informer qu’ils seraient en retard dans leur loyer”, rapporte M. McNeilage, patron de Kinloch Partners. Outre les particuliers, une foultitude d’entreprises, grandes et petites, comme Nike et Cheesecake Factory, vont soit payer seulement la moitié de leurs loyers soit faire défaut.

“Le 1er avril, nous n’allons pas pouvoir payer les factures”, une première en 30 ans d’existence, raconte à l’AFP Joe Toto, propriétaire de Groove Events, une société dans l’événementiel basée à Boston. Il affirme que sa société est “en péril” car “tout s’est arrêté” avec la pandémie et de nombreuses incertitudes planent sur un éventuel retour à la normale. “Personne n’a encore réservé en juillet, août ou septembre”, confie-t-il dépité.


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