La butte Bergeyre à Paris, un paradis menacé 1

La butte Bergeyre à Paris, un paradis menacé


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Vue sur la butte Montmartre depuis la rue Georges-Lardennois, dans le 19e arrondissement de Paris.

Il est là ? Il n’est plus là. Un jour à sa place, en entier, le ­lendemain désossé. Puis réapparu intact une semaine plus tard. Le banc public situé tout en haut de la butte Bergeyre, dans le 19e arrondissement de Paris, est une énigme à lui seul.

Pourquoi ce banc vert, du modèle parisien le plus banal, est-il régulièrement démonté ? Qui profite de la nuit pour dévisser ses écrous et retirer ses planches de bois ? Depuis tant d’années qu’il disparaît par morceaux avant d’être reconstitué par la mairie, le voleur doit avoir de quoi se chauffer pour quelques hivers…

« C’est forcément quelqu’un d’ici », suppute une riveraine. Peut-être un ­voisin qui veut décourager les touristes, avancent les uns. Ou un habitant excédé par les noctambules qui s’installent là, boivent, fument, chantent et laissent le sol jonché de canettes au petit matin, glissent les autres. « Certains jeunes des logements sociaux en brique rouge en bas trouvent ici un site accueillant pour la nuit, cela peut énerver », confirme Roger Madec, l’ancien maire du 19e, toujours conseiller municipal de l’arrondissement.

Banc public de la rue Georges-Lardennois, sur la butte Bergeyre, dans le 19e arrondissement de Paris, sur lequel trouve refuge Vernon Subutex, le personnage de fiction de Virginie Despentes.

A moins, encore, que le démonteur nocturne ne soit un fétichiste, fan de Virginie Despentes. Car ce banc, c’est celui de Vernon Subutex, personnage-clé de la romancière. Il s’y écroule au début du tome 2 du livre qui porte son nom, y dort protégé par quelques cartons, en est délogé par les agents de la voirie, y retourne dès qu’ils sont partis, trop heureux de profiter du calme de cet endroit hors du monde et du prodigieux panorama qu’il offre. Un des plus beaux de la capitale, surtout à l’aube et au coucher du soleil. Le premier plan est dégagé. Juste une vigne en contrebas. Puis tout Paris s’étale jusqu’au Sacré-Cœur et aux toits de Montmartre.

Paradis des chats

Bienvenue sur la butte Bergeyre, ce lieu « suspendu », cette « île minuscule et planante », où Vernon Subutex se sent si bien. Bienvenue dans ces cinq petites rues ­parisiennes, ce paradis des chats où l’on ne croise aucun camion, aucun bus, très peu de voitures, où l’on n’entend pratiquement pas un bruit. Un alignement de maisons étroites de deux à trois étages maximum, datant toutes des années 1920-1930.

En se levant de son banc, le héros de Virginie Despentes peut croire que, dans un accès de fièvre, il a pris le train et se trouve en province. Bienvenue dans le village le plus secret de Paris, que ses 1 200 habitants voudraient bien garder inviolé, intact, alors qu’il figure de plus en plus souvent dans les guides touristiques et que les prix de l’immobilier en chassent ses vieux résidents.

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