Sport et handicap, de nouveaux projets immobiliers, un accélérateur pour le vivre ensemble

Les Jeux paralympiques de Londres ont marqué un tournant. L’engouement du public avec des stades pleins, la qualité et l’esprit des compétitions, la précision et la pédagogie des consultants spécialisés, et surtout les histoires humaines à la base de tout exploit sportif, ont montré qu’il était temps de mettre l’inclusion au centre du jeu. Au moment où le regard sur le handicap doit changer dans la société, le sport et les grandes compétitions sont, plus que jamais, une chance pour accélérer les évolutions, tant sur le plan de la pratique que de l’émergence d’équipements adaptés.

Paris 2024 est l’occasion de construire un héritage durable sur la question du « vivre ensemble » qui passe par un regard différent. La part de rêve construite autour de cet événement doit mettre dans les yeux des enfants d’autres champs des possibles. Il doit montrer à tous que le sport paralympique, et plus globalement le handicap, a beaucoup à apporter à tous. Il faut inverser notre paradigme. 

Alors, comment faire ? Tant la question du handicap est diverse, il convient de l’aborder avec la plus grande humilité. Au-delà des hommes, richesse première, et de l’ensemble des associations qui œuvrent, l’immobilier peut être le socle pour créer des lieux différents qui mêlent les usages et favorisent l’inclusion. Mais quels sont les besoins des différents publics handisport ? Comment intégrer également l’ensemble du champ du sport adapté qui touche au mental ? Comment construire des équipements qui permettent une inclusion universelle sans oublier les accompagnants ? Quels modèles d’exploitation pour animer ces nouveaux lieux ? Et comment promouvoir le « vivre ensemble » à travers eux ?

Tout d’abord, la question de la conception des équipements et de la prise en compte des besoins très divers est primordiale. Jusqu’alors, l’utilisation se bornait à un partage de créneaux dans des équipements souvent inadaptés. Le pôle ressource « sport et handicaps » au Creps de la région Centre à Bourges est le premier à éditer un guide national des structures sportives accueillant des personnes en situation de handicap. Il permet d’avoir une approche des bonnes pratiques d’usages et de prendre en compte dès la programmation des adaptations qui seront déterminantes pour la pratique future.

Mais au-delà des préconisations techniques, il s’agit de définir un concept et une ambition qui permettent de créer une image forte et une attractivité qui sera déterminante. À l’heure des réseaux sociaux, il faut réussir à fédérer des utilisateurs futurs et des communautés qui interagissent grâce à un lieu physique, mais également des applications digitales. 

La notion d’expérience doit être au centre de la réflexion et il faut profiter des valeurs du sport afin de travailler sur la notion d’inclusion : maîtrise de soi, concentration, duel/interaction, respect du professeur. Cette expérience utilisateur passe par des dispositifs spécifiques au sein de l’équipement, tant sur des espaces de calme que de stimulations actives qui permettent de gérer des situations de crise pour des publics sensibles. Elle passe également par une conception générale qui guide les utilisateurs et une fluidité des déplacements. 

À cet égard, le travail sur le parcours au sein de l’équipement est déterminant afin d’assurer une continuité dans la chaîne de déplacement, mais également d’imaginer des niveaux d’approche du bâtiment différents.  Cette notion de parcours permet de donner un premier guide pour l’exploitation future de l’équipement avec des objectifs stratégiques clairs selon trois types d’approches : le parcours d’initiation et de découverte qui est la pierre angulaire du dispositif ; le parcours sportif qui permet à chacun d’évoluer dans sa discipline depuis l’initiation jusqu’à la compétition ; et le parcours sport santé qui vise à ouvrir l’équipement sur son environnement et d’autres types d’utilisation.

Chacune de ces approches du bâtiment peut être déclinée en fonction de besoins différents et qualifiée au sein d’une solution digitale. Il existe dorénavant de véritables GPS qui guident à l’intérieur des bâtiments et qui donnent également accès à des outils de médiation au sein d’un bâtiment. C’est également l’occasion de réfléchir à l’intégration d’un bâtiment dans un écosystème plus large avec des acteurs hors les murs. On touche là à l’exploitation future de l’équipement et le travail sur un modèle économique qui dépasse le simple équipement sportif.

Le « vivre ensemble » passe également par la qualité de l’animation et l’utilisation des outils spécifiques créés pour sa gestion. C’est le principal challenge pour la pratique handisport et de sport adapté. Montrer qu’elle peut se décliner en de véritables lieux de vie qui touchent l’ensemble des publics. Il ne s’agit pas de créer des ghettos, mais bien d’ouvrir un maximum l’utilisation à l’ensemble des valides y compris les accompagnants et les familles. C’est la mixité des usages qui créera l’inclusion et la richesse des échanges.

Il est également nécessaire d’intégrer des phases de tests avec les utilisateurs futurs afin d’adapter les projets au fur et à mesure de l’évolution des besoins. On voit bien qu’il existe un champ des possibles très larges qui ouvrent des perspectives pour les équipements sportifs inclusifs. C’est la première fois qu’un nouveau type d’exploitation peut naître. Et c’est le monde du handicap qui nous en fera bénéficier tous.