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Art Basel Hong Kong : la foire sera virtuelle pour cause de coronavirus


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Depuis la propagation du coronavirus à travers le monde, les marchands d’art et galeristes se mettent à vitesse grand V à la technologie. La foire d’antiquités Tefaf de Maastricht devait se tenir jusqu’au 15 mars . Elle a été prématurément fermée le 11, du fait de l’extension de l’épidémie aux Pays-Bas et dans les pays voisins. La Tefaf ayant été marquée par l’absence de nombreux conservateurs de musées américains et de tous les amateurs asiatiques (voir « Les Echos Patrimoine » du 6 mars 2020), un grand nombre de participants proposent à leurs clients une visite virtuelle de leur espace.

Salle de visite virtuelle

On sait déjà depuis quelques semaines qu’Art Basel Hong Kong (ABHK), qui devait se tenir en mars 2020 n’aura pas lieu. Mais les organisateurs suisses de la manifestation, remise en question par les mouvements contestataires sur l’île puis par le coronavirus, proposent une solution alternative qui a le mérite d’exister : une foire virtuelle. « Le concept est plus précisément celui d’une ‘online viewing room’ [salle de visite sur Internet, NDLR] », explique Marc Spiegler, le patron mondial d’Art Basel. « Chaque galerie de la foire a l’opportunité de mettre en ligne des reproductions photographiques de dix oeuvres sur la plateforme que nous avons mise en place, qu’elle peut changer à son gré. Un bouton permettra d’entrer directement en contact avec la galerie. Il y aura beaucoup de stratégies différentes de la part des galeries d’ici le 18 mars, date de l’ouverture de la viewing room aux clients VIP de la foire. »

Un prix ou une gamme de prix

La foire est d’abord ouverte pendant deux jours aux VIP, puis cinq jours au commun des mortels. « Nous tenons à limiter l’opération dans le temps pour créer un sentiment d’urgence, comme dans une foire traditionnelle. » Selon Marc Spiegler encore, le fichier Art Basel contient plus de 10.000 VIP à travers le monde. La nouveauté liée à cette opération tient au fait que toutes les oeuvres présentées afficheront soit un prix soit une gamme de prix.

« Les études montrent que les oeuvres associées à une somme se vendent mieux sur Internet », remarque encore le directeur d’Art Basel, qui ajoute : « On constate aussi que des transactions de plus en plus nombreuses pour des prix de plus en plus élevés passent par Internet. » En fait, comme l’explique Adeline Ooi, la directrice d’Art Basel Hong Kong : « La online viewing room était en développement depuis plusieurs mois pour être lancée en parallèle de nos foires. Mais nous avons changé le concept pour donner aux galeries l’opportunité de montrer leur stand de Honk Kong. » L’opération est un succès puisque 230 des 245 galeries qui participaient à l’origine à ABHK ont répondu présent à l’opération « online viewing room ».

Pearl Lam, qui est l’un des piliers du commerce de l’art contemporain à Hong Kong et qui participe depuis toujours à la foire hongkongaise, n’a pas pu se joindre du 5 au 8 mars 2020 à l’Armory Show, à New York, faute de transporteurs capables d’expédier les oeuvres depuis l’Asie. Elle raconte que lors de son séjour outre-Atlantique à la fin janvier, plusieurs personnes lui ont signifié, bien que très poliment, de ne pas venir les visiter. « Notre activité est donc très sensiblement entravée en ce moment. De toute façon, en Asie, les gens, pour l’instant, ne sont pas d’humeur à acheter de l’art. » Pour ce virtuel ABHK, elle propose une petite exposition conçue spécifiquement, avec huit artistes d’horizons différents, dont les oeuvres sont à vendre entre 32.000 et 250.000 dollars.

De nouvelles opportunités

La galerie new-yorkaise spécialiste du second marché Lévy Gorvy est installée depuis l’an dernier à Hong Kong. Le codirecteur Brett Gorvy pense qu’en temps de crise « il y a toujours des amateurs prêts pour les opportunités dans le marché de l’art alors que le marché boursier est si volatil ». Il proposera, notamment, une oeuvre récente du vétéran centenaire de l’abstraction française, Pierre Soulages, qui faisait l’objet d’une minirétrospective au Louvre jusqu’au 9 mars 2020. La toile, qui reflète son travail sur l’« outre-noir » en jouant avec les traces des gestes de l’artiste marqués dans la matière même, sera à vendre pour plus de 1 million d’euros.

Gordon Veneklasen gère les galeries Michael Werner de New York, Londres et d’Allemagne. « Nous avons de gros clients en Chine, mais nous ne leur avons rien vendu dans les derniers mois. Cet événement va leur donner l’opportunité de regarder une masse d’oeuvres. Cela va créer un flux d’énergie. » Il proposera dans son espace virtuel des oeuvres à partir de 200.000 euros et jusqu’à 1,7 million d’euros pour une peinture de 1990 de la star de la peinture allemande, Georg Baselitz (né en 1938). Greg Hilty, directeur de la galerie Lisson, installée à Londres, New York et Shanghai, prête une grande attention à son auditoire asiatique et a décidé de faire une offre comparable à celle d’un stand classique. « Nous croyons dans le potentiel de la Chine non seulement en termes de volume d’affaires mais encore de culture. Nos artistes ont réalisé des expositions dans nombre de musées chinois. » Il donne l’exemple de l’Américano-Serbe Marina Abramovic (née en 1946), la plus célèbre des performeuses au monde, dont une grande photo de 2016, un autoportrait, sera proposée pour 130.000 euros chez eux, ou encore du célèbre britannique Anish Kapoor, dont un des miroirs concaves, sculpture murale en acier laqué, sera à vendre pour 750.000 livres.

A Paris, Niklas Svennung, le directeur de la galerie Chantal Crousel, a décidé de présenter pour ce virtuel ABHK des oeuvres qui sont plutôt photogéniques et relativement modestes en termes de prix. « Nous avons exclu la sculpture, car elle nécessite d’être perçue en trois dimensions. De même les amateurs qui vont faire l’acquisition d’oeuvres pour des prix élevés demandent toujours à les voir en réel, nous ne les proposerons donc pas ici. » La pièce à la valeur la plus élevée, 150.000 euros, de son espace virtuel est signée de l’artiste britannique d’origine palestinienne Mona Hatoum (née en 1952). Il s’agit d’une chaise carbonisée, partiellement reconstituée dans un treillis métallique, symbole à travers un objet familier, des chaos du monde. Il propose aussi une photo d’un des artistes les plus en vue de la scène actuelle, l’Allemand Wolfgang Tillmans (né en 1968), qui est l’objet d’une exposition en ce moment au centre d’art Wiels, à Bruxelles. Cette vue d’un cockpit datée de 2018, qui évoque nombre de questionnements actuels, est d’un format modeste (40,6 x 30,6 cm). Ce tirage à dix exemplaires est à vendre pour 10.000 euros, une valeur relativement raisonnable compte tenu de la notoriété de l’artiste. Peut-être cette image n’aurait-elle pas été mise en exergue dans un contexte plus « normal ».

https://www.artbasel.com/hong-kong


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