Publié le 20 juil. 2020 à 18h17Mis à jour le 20 juil. 2020 à 18h43
Le bras de fer commencerait-il ? Kaufman & Broad affirme observer avec inquiétude la manoeuvre de Promogim, l’un de ses principaux concurrents dans la promotion immobilière résidentielle qui est arrivé ces derniers jours à 13,41 % du capital, et lance aujourd’hui la contre-offensive.
Le conseil d’administration de Kaufman & Broad, réuni vendredi, a décidé de dénoncer ouvertement la « montée rampante » de Promogim à son capital, pointant un « problème » de conflits d’intérêts et une opération « totalement contraire aux intérêts de l’ensemble de ses actionnaires ». Décision a été prise par les administrateurs de se défendre contre cette action – non sollicitée, non concertée et hostile à leurs yeux -, en lançant un programme de rachat d’actions représentant plus de 8,28 % du capital. Le promoteur est aujourd’hui valorisé 755 millions d’euros sur Euronext.
Tout a commencé pendant le confinement
L’affaire avait commencé au printemps, en plein confinement. Promogim avait déclaré fin avril à l’Autorité des marchés financiers (AMF) avoir passé le seuil des 2 % du capital de Kaufman & Broad, un investissement présenté comme « financier ». Après un dialogue entre les deux parties, le promoteur familial a continué à grossir au capital en achetant au fil de l’eau des actions sur le marché, ce qui a eu le don d’agacer l’état-major de Kaufman & Broad. Le 7 juillet, Promogim passait le seuil des 10 % des droits de vote avec 13,41 % du capital, ce qui fait de lui le second actionnaire de Kaufman & Broad derrière les cadres et les salariés, qui cumulent 15 % des parts et 20 % des droits de vote.
Le groupe familial a précisé à l’AMF qu’il « envisageait de poursuivre ses achats d’actions en fonction des opportunités et des conditions de marché, mais pas d’acquérir le contrôle de la société, ni de demander la nomination d’administrateurs à son conseil ». Fondé en 1968 par Christian Rolloy, Promogim fait partie des grands noms de la promotion immobilière française – avec Nexity, Altarea-Cogedim, Icade, Bouygues Immobilier et Kaufman & Broad, le sujet du jour. Contacté, Promogim n’a pas souhaité s’exprimer.
Cultures différentes
Les administrateurs de Kaufman & Broad reprochent à Promogim des achats de titres sans prime et ne concernant pas tous les actionnaires. Ceci alors que le cours actuel de l’action ne refléterait pas le « potentiel » de l’entreprise. Après sa déclaration à l’AMF, Promogim ne peut pas lancer une OPA durant ces six prochains mois, et devra ne pas dépasser les 30 % du capital – le seuil de déclenchement d’une OPA.
Sur le fond, un rapprochement entre les deux entités pourrait cependant faire sens dans le contexte mouvementé du secteur, même si les cultures sont diamétralement opposées : un groupe coté donc transparent d’une part, une société familiale très discrète gérée par son fondateur d’autre part. « Un actionnariat fermé à vocation patrimoniale », dénonce le communiqué de Kaufman & Broad.
PAI Partners avait commencé à céder le contrôle de Kaufman & Broad en 2016, vendant graduellement sa participation sur le marché jusqu’à la liquider. Avec la crise sanitaire, Kaufman & Broad s’attend à réaliser un chiffre d’affaires de 1 milliard en 2020, au lieu de 1,4 milliard initialement envisagé. Son carnet de commandes lui permet toutefois d’envisager une hausse de 30 % de ses ventes.
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