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Tactiquement, à six mois de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a au moins trois raisons de relancer le chantier. D’abord, s’il supprime les régimes spéciaux ou allonge la durée de la vie active, il envoie un signal aux électeurs de droite et aux retraités, très favorables à ces réformes. Et il empêche Xavier Bertrand, Valérie Pécresse ou Michel Barnier de se démarquer trop nettement sur le sujet (lire pages 80 et 82). Ensuite, il souligne l’irréalisme budgétaire de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, qui prônent toujours un retour de l’âge de départ à 60 ans, dont le coût est évalué à une trentaine de milliards d’euros. Enfin, il conforte son image de réformateur auprès de ses sympathisants. D’autant qu’en augmentant les petites retraites à 1 000 euros, il ménage la frange gauche de son électorat et joue une nouvelle fois la partition « ni droite, ni gauche ». « Il n’empêche , prévient Frédéric Sève, secrétaire national à la CFDT, rouvrir le dossier des retraites en pleine présidentielle demeure un pari ultra -risqué qui peut conduire à des mouvements durs à la RATP, à EDF, voire au-delà. »
Ambition recalibrée
Sur le fond, Emmanuel Macron a renoncé à son big bang de la retraite à points, qui visait à fusionner les 42 régimes en un seul. Cette réforme était « extrêmement complexe » et « porteuse d’inquiétudes », a-t-il reconnu début juin. De fait, si le futur régime universel présentait sur le papier des avancées pour les femmes et les bas salaires, il a suscité une levée de boucliers allant de la CGT aux avocats, en passant par les syndicats de cadres et les danseurs de l’Opéra de Paris.
« Une manière de conserver l’ambition initiale serait d’amorcer un rapprochement des régimes en trois blocs : salariés du privé, fonctionnaires et indépendants » , note Raymond Soubie, ex-conseiller social de Nicolas Sarkozy. L’idée a d’ailleurs été défendue par l’ex-Premier ministre Edouard Philippe, dans son entretien à Challenges le 30 septembre. Cela permettrait d’afficher une réforme structurelle, qui inclurait la fin des régimes spéciaux tout en repoussant sa mise en musique bien au-delà du scrutin présidentiel. De même, l’augmentation à 1 000 euros des petites pensions pour une carrière complète pourrait être instaurée en 2022 pour les 50 000 nouveaux retraités concernés, tandis que la revalorisation de toutes les petites retraites s’étalerait dans les années à venir. « L’opération, qui bénéficierait à plus d’1 million de personnes , remarque un haut fonctionnaire du ministère des Affaires sociales, prendrait de toute façon plusieurs années aux caisses de retraite, le temps qu’elles traitent tous les dossiers. »
Mais alors que les rivaux d’Emmanuel Macron l’accusent déjà de faire campagne « avec le chéquier des Français » , une telle réforme serait déséquilibrée financièrement. Car si la hausse des petites pensions à 1 000 euros, puis 85 % du smic, coûterait 2,1 milliards d’euros dès 2025, selon un récent rapport parlementaire, la fin des régimes spéciaux mettrait plus de quarante ans à rapporter à l’Etat, en ne touchant que les nouveaux embauchés. « En réalité, la seule manière de dégager de réelles économies serait de repousser l’âge de départ à la retraite , souffle un haut fonctionnaire de Bercy, mais cela paraît fou de décider une telle mesure à quelques mois de la présidentielle. »
Selon les chiffrages transmis par la Caisse nationale d’assurance vieillesse à l’Elysée, un report de l’âge légal jusqu’à 64 ans en 2029 rapporterait en effet 6,2 milliards d’euros dès 2025 et 14,6 milliards en 2030 (voir graphique ci-dessus). Des gains qui seraient toutefois revus à la baisse si certaines catégories étaient épargnées – assurés inaptes, personnes ayants commencé à travailler très jeune… – ou si le report de l’âge de la retraite se traduisait par une hausse du chômage et donc des allocations versées. Le débat sur les retraites est (aussi) un débat d’économistes.
Impact financier maximal
Pour réduire les dépenses de retraites et le déficit des régimes, deux pistes sont régulièrement évoquées : le report de l’âge légal de départ à la retraite ou l’allongement de la durée de cotisation nécessaire pour obtenir une pension à taux plein. Sollicitée par le gouvernement, la Caisse nationale de l’assurance vieillesse a évalué les effets budgétaires de ces scénarios sur l’ensemble des régimes, dans un document confidentiel, que Challenges s’est procuré. Ce sont ces chiffrages que nous présentons ici, qui cumulent les gains liés à la baisse des dépenses de retraites et à la hausse des rentrées de cotisations par l’allongement de la durée de la vie active. Dans tous les cas, la réforme débuterait le 1er juillet 2022 pour les personnes nées à partir du 1er juillet 1960. Un premier scénario prévoit d’allonger d’un trimestre par an la durée de cotisation nécessaire pour percevoir une retraite à taux plein, jusqu’à atteindre 44 ans en 2030, pour les personnes nées à partir de 1968 et les années suivantes. Un second scénario envisage le recul de l’âge légal de départ à la retraite – 62 ans aujourd’hui -, qui serait repoussé de trois mois par an jusqu’à 64 ans en 2029, pour les personnes nées à partir de 1967. Dans un troisième scénario, l’âge légal de départ à la retraite serait fixé à 64 ans dès 2025, c’est-à-dire pour les personnes nées à partir de 1963 et les années suivantes.
Laurent Fargues
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