Assurance-vie : combien vous coûte vraiment la superposition des frais

Il faut le savoir avant de diversifier ses placements vers les unités de compte (UC) d’un contrat d’assurance-vie : les performances de l’année devront être largement positives pour réussir à absorber les frais afférents leur gestion. C’est le constat sans appel d’une étude réalisée par Good Value for Money (GoodValueforMoney.eu), prescripteur d’assurance.

Plus les temps sont difficiles, plus les épargnants sont attentifs aux différents types de frais prélevés par les intermédiaires et gérants de produits financiers. Depuis plusieurs années, le rendement des fonds en euros à capital garanti des contrats d’assurance-vie est de moins en moins attrayant. Alors qu’ils rapportaient encore en moyenne 4 % nets de frais de gestion en 2008, ils devraient servir la maigre performance de 1,4 % en 2020. Les épargnants sont donc tentés de diversifier leur épargne vers des unités de compte qui peuvent être immobilières (SCI ou SCPI), mais aussi sur des fonds (actions, obligations, diversifiés, profilés…) pour tenter d’obtenir de meilleurs rendements. C’est généralement le cas à condition de miser sur le bon cheval et d’investir pour le long terme : avec les UC le capital n’est pas garanti, leur valeur est donc tributaire de la volatilité des marchés.

Ce mouvement vers les unités de compte est largement encouragé par les assureurs. Ils ont tout intérêt à diminuer la proportion de fonds en euros car si elle perdure, la baisse structurelle des taux d’intérêt mettra en péril leur équilibre actif passif , le poids de la garantie du capital devenant trop pesant.

Mais pour l’épargnant, l’option UC est-elle toujours une bonne affaire ? C’est certainement le cas lorsque les marchés sont largement dans le vert, mais moins évident lorsque les performances sont à peine positives. En cause, le poids de frais qui obère largement les performances des différents supports.

Typologie des frais

Outre d’éventuels frais d’entrée, les souscripteurs de contrats d’assurance-vie payent des frais de gestion. Un épargnant qui investit sur des unités de compte dans un contrat multisupport supporte d’abord chaque année des frais évalués par Good Value for Money à 0,90 % par an en moyenne.

GVfM observe toutefois une disparité entre les « anciens produits » qui étaient plutôt tarifés à 0,80 % de frais de gestion sur UC et les « nouveaux produits » qui ont plutôt tendance à être facturés à hauteur de 1,00 %. Ils peuvent varier selon la nature des supports, notamment sur les supports immobiliers de type SCPI pour lesquels ils sont nettement plus élevés. Par ailleurs, souligne GVfM, « leur prélèvement donne lieu à une réduction du nombre de parts de chacune des unités de compte détenues par le client sur son contrat ».

Frais de gestion courants

Deuxième type de frais de gestion applicables : ceux intrinsèques aux unités de compte. GVfM a analysé leur composition. Ces frais comprennent : la rémunération du gérant d’actifs pour les supports financiers (UC) dont il a la charge, les rétrocessions reversées par le gérant d’actifs au distributeur du contrat et/ou à la société d’assurance-vie, d’éventuelles commissions de « surperformance » et la marge de la société de gestion.

« Le prélèvement de ces frais donne lieu à une diminution de la valeur de la part de chacune des unités de compte, ce qui est relativement « invisible » pour l’épargnant, sauf à lire les taux indiqués sur le relevé annuel de son contrat d’assurance-vie. Les frais fixes « de base » prélevés par le gérant d’actifs sont indiqués dans les documents légaux (DICI) de chaque support ; mais dans la réalité, les frais effectivement prélevés (« frais courants ») sont presque toujours nettement plus élevés en raison des frais de transaction d’une part, ainsi que des commissions dites de surperformance », souligne GvFM.

« Les « vrais frais » supportés par l’épargnant dans son contrat d’assurance-vie multisupport sont les frais de gestion courants », indique GVfM. Les frais de gestion fixes et courants varient en fonction du type de support (voir encadré).

Une performance de 4 % minimum

Ainsi, un épargnant ayant investi sur une UC actions dans un contrat d’assurance-vie se verra prélever en moyenne chaque année 0,90 % au titre des frais de gestion afférents au contrat auxquels s’ajoutent 2,03 % en moyenne au titre des frais de gestion courants internes au support.

Au total l’addition grimpe à 2,93 %. « Il faut donc que le gérant du support dans lequel le client a investi génère une performance d’au moins 3 % sur l’exercice pour que l’épargnant obtienne une performance de 0 %. Pour faire aussi bien que le fonds en euros, il faut que le gérant performe en moyenne de 4 % par an, ce qui est élevé », affirme GVfM.

Selon la classe d’actifs, l’épargnant qui investit dans des unités de compte en gestion active supporte des frais de l’ordre de 2,10 à 3,50 % par an. « Seul l’investissement dans des titres vifs ou dans des trackers (lorsqu’ils sont proposés) permet de faire baisser significativement la facture », conclut GvFM.

Note positive, la concurrence et la transparence accrue sur les frais ont conduit les sociétés de gestion à baisser les frais (moins 5 centimes ou 0,05 % en moyenne pour les frais de gestion courants par rapport à l’étude de 2019).