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Les sociologues Ivaylo D. Petev et Sander Wagner mesurent, dans une tribune au « Monde », la perte de revenus subie depuis les attentats de 2015 par les hôtes au prénom d’origine arabe de la plate-forme de location en ligne.
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Tribune. Sociologues et habitants de l’Est parisien depuis plusieurs années, marqués comme beaucoup par les attaques terroristes du 13 novembre 2015, nous avons entrepris d’en observer certains effets collatéraux. Nous avons voulu donner une mesure quantitative de ces effets pour les personnes d’origine arabe ou musulmane. Peut-on mesurer les effets d’amalgame dont ils peuvent faire les frais, d’un point de vue symbolique mais aussi économique ?
Afin d’en juger, nous avons analysé des données historiques d’Airbnb à Paris qui, avec ses plus de 70 000 offres d’hébergement, constitue le plus important marché de cette grande plate-forme de l’économie collaborative (« The Economic Penalty of Terrorism : Increase in Discrimination Against Arabs and Muslims after Paris Attacks », 6 novembre 2019).
Prix inférieur de 15 %
Airbnb permet aux utilisateurs de louer en ligne un hébergement de courte durée auprès de particuliers. Pour faire son choix, le locataire potentiel jauge la qualité des hébergements et intègre certains critères objectifs (situation, équipement, etc.). Il consulte aussi une série d’informations sur l’activité passée, la réputation et des caractéristiques personnelles des hôtes : un moyen d’évaluer si le logement est adapté, et si l’hôte est fiable.
Nous avons voulu vérifier l’hypothèse suivante : les attaques terroristes ont-elles porté atteinte à la perception de la fiabilité des personnes dont les caractéristiques personnelles peuvent être, à tort ou à raison, associées à l’identité des terroristes ? Dans ce cas précis, les hôtes d’Airbnb d’origine arabe ou musulmane ont-ils plus de difficulté à louer leurs logements ?
Dans un premier temps, nous avons observé que, durant l’année précédant les attaques, les hôtes au prénom à consonance arabe ou musulmane (Omar ou Leila par exemple) affichaient une plus faible performance économique. Si leurs logements se louaient pour le même nombre moyen de jours par mois, leur prix était inférieur de 15 %. Pour une prestation identique selon les caractéristiques disponibles sur les profils publics d’Airbnb, le prix de location reste inférieur de 6 % par rapport aux hôtes dont le prénom était à consonance française (Julien ou Laure par exemple).
De ces chiffres, nous pouvons déduire que les logements de personnes au prénom à consonance arabe ou musulmane sont plus difficiles à valoriser, et que ce handicap est compensé par un prix plus bas pour obtenir le même volume de location.
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